Rien ne prédisposait Laura Weissbecker à devenir une vedette du cinéma chinois. Mais son caractère intrépide et sa volonté de se dépasser lui ont permis de se faire adopter par les Chinois, dont elle a appris la langue en quelques mois.
« Lorsqu’on me croise dans la rue, en France ou ailleurs, il est difficile de penser que je suis presque chinoise. Je suis une brindille, grande et filiforme, deux têtes de plus que la plupart des Asiatiques, un teint très pâle, des yeux verts non bridés, de longs cheveux bouclés. Pas véritablement le physique attendu. Et pourtant, oui, je peux le dire, je suis devenue chinoise. Même si je vis aujourd’hui non loin des collines de Hollywood. Vous vous demandez ce que je raconte ? Attendez. Je vais reprendre depuis le début, et vous raconter l’histoire de cette incroyable aventure, la construction qui m’a permis de me forger une identité chinoise. Avec en chemin, cette chance folle : être choisie par le grand Jackie Chan en personne pour l’un des rôles principaux de son film Chinese Zodiac, blockbuster du box-office chinois…
Je suis née et j’ai grandi à Strasbourg, en Alsace. Les rues joyeuses et fleuries de géraniums, les saules pleureurs qui taquinent les cours d’eau tranquilles. Tout le radieux paysage alsacien s’accorde à mon humeur générale, plutôt gaie. J’ai eu la chance de grandir dans une famille aimante. Ma sœur, mon frère et moi avons été élevés par deux profs de maths, dans un environnement très cartésien. Rien d’excessivement austère non plus. Mes parents ont le goût de la culture. Et ils nous l’ont transmis. Je me souviens encore de ces matins pendant les vacances scolaires où mon père nous faisait visionner tous les classiques du cinéma. Louis De Funès, Bourvil… J’adorais ça. Maintenant que je suis maman, je vois aussi l’aspect pratique. La télévision permet d’occuper les enfants ! Je souris, mais il n’empêche que tout cela a sans doute développé mon goût de la comédie.
« J’étais complexée par ma taille, ma minceur et ma blancheur »
Pourtant, je n’avais rien de la star de l’école. Loin de là. J’étais une petite fille timide et réservée, très complexée par ma grande taille, ma minceur et ma blancheur. En somme, tout ce qui, plus tard, m’a permis au contraire de me distinguer. C’est un classique, pour les comédiennes et les top models, ce syndrome du « vilain petit canard », les moqueries subies à l’école. Disons que je suis chanceuse car, moi, au moins, on me traitait de « cigogne »… Mais malheureusement aussi de « cadavre ».
J’ai commencé à faire du théâtre amateur à l’âge de 12 ans. Je me souviens encore de ma première pièce, Le Bal des voleurs, de Jean Anouilh. Quasiment tous les élèves du cours de théâtre étant des filles, j’avais estimé que j’avais peu de chances d’obtenir le rôle principal féminin. J’avais donc jeté mon dévolu sur un rôle masculin que j’avais décroché sans difficulté pendant que les autres s’écharpaient entre elles. J’avais adoré porter une moustache et prendre une voix grave. Encore aujourd’hui, si je pouvais, je postulerais pour un rôle masculin. C’est ça, la magie de ce métier. Pouvoir vivre toutes les vies en une ! J’avais contracté le virus de la comédie, mais je me pensais si laide que je croyais que cela m’empêcherait de réussir.
« A 19 ans, je peux enfin monter à Paris »
Ce n’est que quelques années plus tard, et après avoir découvert la danse modern-jazz, que je me suis réconciliée avec mon corps et que j’ai compris que je n’étais pas si « moche » qu’on me l’avait répété. Dans ma famille, quoi qu’il en soit, on privilégiait la beauté intérieure et l’intellect. Sur ce point, au moins, j’étais à la hauteur de leurs attentes. Excellente élève, j’ai été très vite orientée vers des filières scientifiques plutôt que littéraires. Je pensais d’abord devenir kiné. Le métier m’attirait et, surtout, les études étaient plutôt courtes. Après trois ans, je pourrais me lancer enfin dans la carrière qui me fait rêver en secret : celle de comédienne. Oui, j’ai toujours eu de la suite dans les idées !
Seulement voilà, mes profs estiment que j’ai de trop bonnes notes et ils convainquent mes parents que je dois viser plus haut. Soit, je ferai donc une prépa maths sup. Je vais devoir bûcher pendant cinq ans, des études bien plus longues et compliquées que les trois ans de kiné qui m’auraient permis d’être comédienne à 20 ans. Lorsqu’on veut être acteur, et surtout actrice, le temps joue contre vous. Plus on y vient tard, plus c’est difficile. Aussi, j’espère, après mes deux ans de classe prépa, me lancer dans une carrière de comédienne tout en étudiant dans une école d’ingénieur. Il faudrait pour cela que je sois à Paris. Je travaille donc d’arrache-pied pour décrocher le concours et j’intègre finalement l’une des écoles les plus prestigieuses, Agro Paris, par laquelle est passé Michel Houellebecq, avec un 20/20 en biologie cellulaire. A 19 ans, je peux enfin monter à Paris, la ville qui me fait rêver. Moi qui rêve de voyage, d’inconnu et d’aventure, je vais être servie ! »
Cette histoire vous a plu ? Retrouvez bientôt sur Closer.fr la suite des aventures de Laura Weissbecker en Chine.