Bobbi souffre d’une violence dont peu osent parler, celle des enfants contre leurs parents. A 9 ans, son fils, J.J., la frappe, lui arrache les cheveux et projette même de la poignarder dans son sommeil. Un combat difficile pour cette mère de deux autres fillettes, qui se bat chaque jour pour aider son enfant à aller mieux.
Ne vous fiez pas aux apparences car, derrière ce regard d’enfant, cette blondeur candide et ce geste tendre envers sa maman, se cache le pire cauchemar de Bobbi. J. J., son fils, sa bataille, celui pour qui elle dépense toute son énergie jour après jour. C’est au cours d’une émission de télévision sur les violences faites aux parents par leurs enfants que Bobbi ose enfin avouer l’inavouable : « Depuis des années, je n’osais en parler à personne. Qui aurait cru possible de se faire maltraiter par un enfant ? » Et c’est pourtant la dure réalité de cette mère de famille, remariée à Lee, un homme qui lui apporte son soutien au quotidien. Car J. J. est incontrôlable. Lorsqu’il est en crise, il s’en prend à sa mère avant tout : « Au début, mon père me disait de lui mettre une bonne raclée, raconte Bobbi. Mais ce n’est pas si simple. Quand il est dans cet état, il est impossible de le faire redescendre, de lui dire « Allez, assieds-toi, on va discuter ». » Ce que subit Bobbi quotidiennement est difficile à croire. L’enfant frappe sa mère avec ses poings et ses pieds, lui arrache les cheveux et lui hurle qu’il la déteste. Parfois plusieurs fois par jour.
La famille de J. J. s’est adaptée au comportement violent du garçon
« Il a un tempérament abominable. Il a l’air normal et, soudain, c’est comme si son cerveau s’éteignait », lâche la mère de famille. « Nous avons vécu de nombreuses situations effrayantes… » Comme ce jour où, dans sa chambre, J. J. entreprend de tout casser avant de se barricader avec les menus morceaux du mobilier. Ou quand il asperge son beau-père de bombe désodorisante. Ou encore quand il essaie de poignarder sa maman… « Depuis, nous avons rangé en lieu sûr tous les objets coupants de la maison. » Et puis, il y a cette volonté de nuire, de comploter, pour assouvir une pulsion : « Une fois, ma fille est venue me voir, paniquée. J. J. lui avait demandé de lui trouver un couteau pour qu’il puisse me poignarder la nuit venue, dans mon sommeil. »
Il a déjà essayé de poignarder sa mère
Malgré tout, Bobbi tient bon. Elle avoue s’être adaptée au comportement éprouvant de son fils : « Je suis immunisée, maintenant. » J. J. a très vite montré des signes de violence, dès ses 6 mois, selon sa maman. Malheureusement, aucun médecin n’a su diagnostiquer exactement de quoi souffrait l’enfant. Certains évoquent un trouble du déficit de l’attention, ou hyperactivité, d’autres parlent de trouble obsessionnel compulsif (TOC) et même de trouble oppositionnel avec provocation (TOP). Mais aucun traitement ne semble fonctionner. D’autant que le comportement de J. J. ne se cantonne pas seulement à son domicile.
J. J. et sa mère se battent chaque jour contre les crises
« J’ai cassé le poignet d’un de mes professeurs et provoqué un décollement de rétine à un autre », explique le garçonnet. Renvoyé, J. J. a donc suivi des cours chez lui, auprès de sa maman. Une épreuve supplémentaire pour celle qui affirme vouloir tout faire pour aider son fils et ne jamais abandonner : « J. J. est un bébé miracle. On m’avait dit qu’à cause d’une maladie génétique, je ne pourrais jamais avoir de fils. Et il est arrivé. » Alors, Bobbi se bat avec la patience d’un ange : « Pour J. J., réaliser les actes de la vie les plus simples, comme mettre un manteau ou enfiler des chaussures, est un véritable défi. Dans les meilleurs jours, cela prend deux heures. » Bobbi est désormais soutenue par les praticiens de l’aide parentale de sa ville. Les progrès commencent à se faire sentir. J. J. bénéficie de plus de liberté et d’indépendance, mais les règles à la maison se sont durcies. Les crises sont toujours là, pourtant le garçon parvient davantage à les maîtriser. « J’aime être moi, confie-t-il. Mais le « moi » qui ne frappe pas. Je n’aime pas être méchant, cela me fait me sentir tellement mal… » J. J. fera sa rentrée dans une nouvelle école en septembre.