Une vidéo choquante révèle les conditions d’élevage des lapins angoras en France. L’Association One Voice a porté plainte contre l’une des principales exploitations françaises. Sa fondatrice, Muriel Arnal, se confie à « Closer ».
La vidéo soulève le cœur. Un homme arrache à pleine main la fourrure d’un lapin angora posé sur une planche de bois. Le petit animal crie de douleur. Non loin, ses congénères enfermés dans des petites cages répondent en écho. Nous sommes en France, dans un élevage de lapins angoras. Les images ont été tournées sur plusieurs mois et dans différentes exploitations en caméra cachée par One Voice, une association pour la protection des animaux.
« On entend les lapins angoras hurler de douleur »
Les lapins angoras des élevages français seraient réputés pour leurs poils très longs, ni coupés ni rasés. Les lapins sont entièrement épilés à la main. « Nous avons découvert des lapins épilés, les uns à côté des autres. Ceux qui sont en cage assistent au calvaire de ceux qui sont épilés. Les producteurs parlent de peignage, mais la peau vient avec. Les lapins sont en réalité écorchés vifs », précise Muriel Arnal, la fondatrice de One Voice. « Sur la vidéo, c’est choquant : on entend les lapins hurler de douleur. Pourtant ce sont des animaux silencieux. C’est une technique cruelle aboutissant à une souffrance intolérable. »
Les poils, transformés en pelote de laine, sont extrêmement appréciés dans le luxe pour la confection d’étoles soyeuses. A la suite du scandale révélé par l’association PETA France sur les exploitations en Chine fournissant près de 90 % de laine angora en France, de nombreuses maisons de couture se sont repliées sur la production made in France, qui garantissait le bien-être des animaux. « Nous savions qu’il se passait des choses terribles en Chine pour les lapins angoras, explique la militante. Les producteurs français assuraient qu’ici tout allait bien. Alors nous avons décidé d’aller voir si les animaux étaient bien traités. Notre investigation montre que ce n’est absolument pas le cas. »
« C’est un métier d’infiltrer »
L’association, connue pour avoir fait interdire la vente de fourrure de chiens et de chats et pour avoir empêché l’ouverture d’un des plus grands centres d’élevage pour les laboratoires en Europe, a tourné en caméra cachée chez six éleveurs français, entre les mois de février et juillet 2016. « Nous ne faisons pas des vidéos à tout prix. Selon notre éthique, nous refusons de payer pour obtenir des image et de faire mal aux animaux « Forte de ses 18 000 membres, l’association, qui ne vit que sur les dons de particuliers, dispose d’une équipe d’enquêteurs militants qui infiltrent les exploitations, les laboratoires, les cirques… « C’est un métier d’infiltrer. Il faut du temps. Apprendre à utiliser les caméras, savoir réagir dans toutes les situations et toujours penser à sa sécurité. Il faut faire des concessions. Impossible de dire chez un éleveur de lapins angoras qu’on est vegan et qu’on ne mangera pas de civet de lapin. Nos enquêteurs ne sont pas des casse-cou. Leur objectif est de rapporter des images pour la cause des animaux sans risquer leur vie. Nous avons infiltré pendant trois ans la chasse à courre, et je peux vous assurer que c’était extrêmement dangereux. »
Pétition en ligne
One Voice a porté plainte contre l’une des principales exploitations infiltrées, qui a en charge près de 600 lapins. L’association a demandé à être reçue par le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll. One Voice demande, via une pétition « une législation nationale proscrivant l’élevage de lapins angoras sur notre sol et, si possible, l’interdiction des produits fabriqués avec en France » . Face aux puissants lobbys (pharmaceutique, agricole, etc.), Muriel Arnal reconnaît subir des pressions, voire des menaces, « mais ce n’est rien à côté de ce que doivent endurer les animaux exploités et maltraités ».