Il se disait magnétiseur et tenait sous son emprise des femmes fragilisées. Jugé pour agression sexuelle et abus de faiblesse, Philippe Lamy a été condamné à 4 ans de prison.
Ex-gérant d’un club échangiste à Listrac-Médoc (Gironde), Philippe Lamy, accusé d’exercice illégal de la médecine, abus de faiblesse et agressions sexuelles, vient d’être condamné à quatre ans de prison ferme. Soi-disant magnétiseur, le gourou libertin, qui imposait à ses ouailles humiliations et séances sadomasochistes est depuis longtemps connu des services de polices.
A la fin des années 2000, celui qui se présentait alors comme « Maître Ilario », officiait à la Villa Panthère, un club échangiste dont la propriétaire n’était autre que l’épouse d’un pharmacien de la région, tombée sous son charme. Look gothique, cheveux longs, « Maître Ilario » avait déjà forgé sa légende personnelle. Celle d’un « félin sensuel », son pseudo, à l’incroyable charisme doté de pouvoirs de magnétiseur, hérité de son défunt « papa Gino ». Mort dix ans plus tôt mais qui, racontait-il, communiquait toujours avec lui par sms. A l’époque, « Maître Ilario » avait dû faire face à la justice pour exercice illégal de la médecine, et écopé de quatre mois de prison ferme, pour avoir vendu des pilules prétendument magnétisées par ses soins. Un remède censé guérir aussi bien le mal de dos que le cancer.
Accusé d’agression sexuelle
Les faits qui valent aujourd’hui à Philippe Lamy d’être condamné, sont plus graves encore. Et relèvent quant à eux de l’abus de faiblesse caractérisé et de l’agression sexuelle. Tour à tour, ses victimes, trois femmes, se sont succédé à la barre, devant le tribunal de Libourne, expliquant comment il avait réussi, parfois en un temps record, à le tenir sous son emprise. Jusqu’à convaincre l’une d’elles en trois jours à peine de vendre sa maison, rompre tout lien avec ses proches et cesser tout traitement alors qu’elle souffrait d’un cancer de la thyroïde pour se mettre à son service.
Toutes fragilisées, par la maladie, la dépression ou une rupture amoureuse, elles ont rapporté les discours ésotériques, les séances de sexe débridé et la fascination qui les avaient conduites à obéir au doigt et à l’œil à leur maître, qui disait alors s’appeler « Florenzo Giovanni ».
Le « maître leur faisait regarder Plus belle la vie »
A grand renfort d’incantations, de séances de désenvoutement où il faisait jaillir de l’hémoglobine d’une bague, en réalité du sang de poulet, Philippe Lamy avait fédéré autour de lui ce petit groupe aux allures fortement sectaires. Privées de sommeil, soumises à un régime alimentaire strict, menacées de sanctions si elles n’obéissaient pas, ses adeptes, placées sous ses ordres, devaient notamment se réveiller la nuit, faire à manger pour leur maître et regarder avec lui la rediffusion de « Plus belle la vie », sa série préférée. Il leur fallait ensuite assouvir ses fantasmes sexuels.
Séances d’humiliation, pratiques sadomasochistes, exhibitionnisme imposé, les victimes n’agissaient pas sous la contrainte physique mais mentale. Une emprise qui n’en laisse pas moins chez elle de terribles séquelles psychologiques. L’une d’elle a d’ailleurs tenté de mettre fin à ses jours en 2013. Réduite à l’état d' »objet de consommation » et « cadavre psychologique » selon les experts psychologues, cette femme portait sur la fesse un tatouage « Flo pour la vie » en signe de dévouement total à son maître. Pendant des années, détruite, elle refusait de porter plainte: « Je me disais: Qui va me croire? » se souvient-elle.
Le gourou, qui nie les faits reprochés, a gardé, quant à lui, la même ligne de défense. Criant à l’acharnement judiciaire et au complot : « Ils veulent me nuire mais j’ignore pourquoi. » se défend Philippe Lamy dans Le Parisien en faisant référence à ses ex-adeptes. « J’ai assouvi leur fantasme et ça se retourne contre moi ».
Le 5 octobre dernier, il n’a pas moins été condamné à quatre ans de prison ferme et écroué.