C’est un procès qui a fait grand bruit en Floride, en 2014. Celui de John Welden, fils d’un éminent spécialiste de la fertilité, qui a fait avorter sa petite amie, en intervertissant des médicaments à son insu.
John est un jeune homme qui, jusqu’à récemment, faisait la fierté de ses parents. Brillant étudiant en biologie, diplômé en théologie, il travaillait à la clinique de son père pour se faire un peu d’argent de poche. « De tous mes enfants, confie le Dr Welden, John a toujours été le plus adorable, le plus réfléchi, le plus compréhensif… » Pourtant, il n’a pas hésité à imiter la signature de son père pour se faire prescrire des anti-ulcéreux, utilisés aussi pour déclencher les accouchements, qu’il a ensuite donnés à son amie, à son insu. Remee a perdu son enfant à sept semaines de grossesse.
« Il m’a promis que les médicaments ne feraient aucun mal au fœtus »
C’est également cette image de garçon intelligent, gentil et policé qui avait tapé dans l’œil de Remee lors de leur première rencontre. La jeune fille est serveuse dans un Gentlemen’s Club. Lorsqu’elle croise John, le coup de foudre est immédiat, et a priori réciproque. Très vite, celui-ci explique sortir d’une relation longue avec une certaine Tara. Mais que désormais tout ceci est derrière lui. L’idylle peut démarrer. « Nous n’utilisions pas de préservatifs, raconte Remee. Nous nous aimions et je me disais que, si je tombais enceinte, ce serait le destin. » Mais, lorsque la jeune fille découvre sa grossesse et l’annonce à son fiancé, celui-ci réagit avec une violence qu’elle n’aurait jamais imaginée : « Il m’a dit qu’il voulait mourir ! Il m’a demandé vingt fois si j’étais sûre, puis m’a suppliée de ne pas garder le bébé, ajoutant qu’il était détruit. » Quelques jours plus tard, c’est tout sucre tout miel que John propose à Remee de venir faire un examen prénatal à la clinique de son père. « Il m’a téléphoné peu après pour me dire que j’avais une infection bénigne. Il travaille dans cette clinique, il n’y avait donc rien de choquant à ce que ce soit lui qui m’annonce les résultats. Il m’a promis que les médicaments que je devais prendre ne feraient aucun mal au fœtus. »
Il ne voulait surtout pas que son ex, avec qui il n’avait pas rompu, découvre la grossesse de Meree
Et c’est John en personne qui apporte à sa fiancée une boîte d’antibiotiques. Mais le jeune homme a pris soin de remplacer l’amoxicilline par du Cytotec (prescrit dans le cas d’ulcères, mais aux propriétés abortives avérées). Pour l’obtenir, il a imité la signature de son père en bas d’une ordonnance volée… Alors qu’elle se rend au travail le lendemain, Remee ressent une violente douleur au bas-ventre. Emmenée d’urgence à l’hôpital, elle perd son bébé. Ses pilules sont examinées et incriminées. Il ne lui en faut pas plus pour porter plainte au commissariat. Placé sur écoute, John avoue tout. « J’espérais qu’il me dise que c’était une erreur, mais il a confirmé qu’il avait échangé les médicaments. Je lui ai dit que j’aurais pu élever cet enfant sans lui. Il a refusé de l’entendre. » Car John n’avait en fait jamais quitté Tara. Terrifié à l’idée que celle-ci ait connaissance de sa relation avec Remee et qu’elle apprenne sa grossesse, il a effacé toutes les preuves de la plus odieuse des manières. John n’a pas été poursuivi pour meurtre comme le demandait au départ l’accusation. Après un accord négocié entre les deux parties, il a été accusé d’utilisation frauduleuse de signature, d’échange de produits dangereux, et a été condamné à treize ans de réclusion criminelle. « Je voulais ce bébé plus que tout. Non parce qu’il était de Welden, mais parce qu’il était mon bébé à moi. Alors tout ce que j’ai demandé à la Cour durant le procès, a expliqué Remee, est que Welden soit traité avec aussi peu de pitié qu’il en avait eue envers moi. »