Le 24 mai 2011, en pleine débâcle DSK, la politique était le théâtre d’un autre scandale. Le secrétaire d’Etat Georges Tron est accusé d’agression sexuelle par deux femmes. Une affaire sur fond de harcèlement, de triolisme et… de réflexologie plantaire !
Plus de 40.000 signatures. Voilà ce qu’avait recueilli, fin juin 2016, une pétition contre l’investiture de Georges Tron aux législatives. 40 000 personnes bien décidées à barrer la route au maire de Draveil. Mais pourquoi tant de haine ? Eh bien, parce que, depuis cinq ans, le nom de Tron ne véhicule pas que du bon… Nous sommes le 24 mai 2011 lorsque émerge l’histoire. Dix jours plus tôt, Dominique Strauss-Kahn s’est fait arrêter à New York, mais la France n’en a pas fini avec les révélations sordides. Car l’épisode du Sofitel a incité deux femmes à porter de graves accusations : Georges Tron aurait abusé de ses ex-employées municipales.
Les faits allégués sont graves, même s’ils commencent de la même façon ridicule : une séance de papouillage de petons. L’édile – que l’on surnomme « le masseur chinois » à l’Assemblée nationale – est passionné de réflexologie plantaire. Une façon comme une autre de prendre son pied… A ceci près que les choses auraient vite dérapé. Virginie Faux, l’une des deux plaignantes, se souvient de son entretien d’embauche, en 2008. « Je lui ai dit que l’un de mes hobbies était l’acupression. Il s’est levé, m’a enlevé ma bottine, m’a touché le pied. Puis il m’a invitée à déjeuner. Après m’avoir demandé d’enfiler des mi-bas, il a fallu que je passe le repas les pieds sur ses jambes. » Des tripotages qui se reproduiront, jusqu’à aller beaucoup plus loin : quelques semaines plus tard, il l’aurait enfermée pour se lancer dans des caresses largement plus appuyées. Le tout, avec la participation active de Brigitte Gruel, son adjointe à la culture et maîtresse, connue à la mairie de Draveil comme « la Pompadour » ou « Gruella ». Un procédé que confirmera la seconde victime présumée, Eva Loubrieu. Pied sous la table, massage, puis il « se met le gros orteil dans la bouche, prend ma jambe, retrousse ma jupe et remonte entre les cuisses ». Elle dénoncera des « caresses, masturbation, attouchements sexuels et pénétration digitale » ! Les deux femmes expliqueront même avoir tenté de se suicider de désespoir, avant de démissionner pour l’une (« Sinon, je fais placer ton fils à la Ddass »), et être licenciée pour l’autre.
Simple fétichisme ou agression sexuelle ?
Des récits que Georges Tron va balayer en hurlant à la vengeance politique. Selon lui, ce coup double aurait été orchestré par le Front National local, avec qui le maire UMP a un contentieux immobilier. D’autant que les deux femmes sont défendues par Gilbert Collard, que des incohérences sont mises à jour dans leur narration, et que l’une d’elles se vantera d’avoir « la machine du FN derrière elle » sur un enregistrement… Dès le 29 mai, Georges Tron doit pourtant démissionner de son poste de secrétaire d’Etat à la Fonction publique, à la demande de François Fillon. S’ouvre alors un long feuilleton judiciaire, qui s’étoffe de nouveaux témoignages de femmes. Et le voit mis en examen pour viol en réunion avant de bénéficier d’un non-lieu en 2013, puis d’être renvoyé aux assises lors d’un procès à venir. De quoi continuer à se demander s’il s’agissait d’un simple fétichisme ou d’agression sexuelle pour Georges Tron, toujours présumé innocent. Une leçon peut en tout cas en être tirée : le « cor à corps » devrait être proscrit lorsqu’il n’est pas consenti…
Cet article a été publié dans Closer n° 578