Victime de convulsions chez sa nourrice, le petit Lorys a été retiré à ses parents par « principe de précaution ». Effondrés mais combatifs, Vanessa et Emmanuel, innocentés par les derniers rapports d’experts, tentent tout pour le récupérer au plus vite.
C’est en septembre 2013 que Vanessa et Emmanuel se rencontrent sur Internet. Le feeling passe tout de suite entre eux. Mêmes valeurs, même envie de fonder une famille. De leur amour naît, le 3 mars 2016, un petit Lorys, joufflu et bien portant. « Dès le départ, on était très investis, on a suivi des cours d’haptonomie, on a aménagé toute la maison pour notre P’tit Dam (pour petit d’amour) », raconte Emmanuel.
Alors que Vanessa rêve de pouponner, elle doit pourtant se résoudre à trouver une nounou pour suivre un stage de huit semaines en milieu hospitalier. Et c’est une de leurs amies qui, sur Facebook, leur propose les services de Sandrine M., assistante maternelle agréée. Elle présentait bien, sa maison était très propre, avec une vraie pièce destinée aux enfants, le tout à dix minutes de la maison. » L’adaptation se passe à merveille pour le petit Lorys, alors âgé de 2 mois.
« Nous devons faire un signalement, il va y avoir une enquête du procureur »
Pourtant la vie de cette famille bascule d’une façon tragique le 23 mai dernier… A 8 h 15, Emmanuel dépose son fils chez Sandrine M. comme chaque jour avant de se rendre à son travail. « A 15 h 15, je reçois un appel de la nounou, complètement paniquée : Lorys a fait des convulsions », raconte Vanessa. Sur place, les parents assistent à une scène surréaliste. « Les pompiers commentaient les lieux : « C’est top chez vous ! Si j’avais un bébé, je le placerais ici. » A quelques mètres d’eux, notre bébé était sur la table à langer, les yeux fixes, inerte. » S’engage alors un dialogue incroyable. Le médecin urgentiste : « Il va bien ! Il a juste fait des convulsions ! « La maman : » Mais non, regardez, il ne bouge pas ! Il faut l’emmener à l’hôpital ! « Le médecin : « Madame, il a juste fait des convulsions, mais sa couleur est normale et ses constantes sont présentes ! « Les parents finissent par obtenir l’évacuation de leur enfant vers l’hôpital le plus proche.
Rapidement pris en charge, Lorys va mieux et babille à nouveau. Après trois jours d’observation, le verdict tombe : Lorys a deux hématomes sous-duraux (un épanchement de sang entre les membranes qui entourent le cerveau), c’est un des principaux symptômes du bébé secoué. « Nous devons faire un signalement, il va y avoir une enquête du procureur et vous allez être convoqués chez le juge des enfants. En attendant, votre fils sera placé », annonce brutalement le médecin. Depuis cette date, Lorys, aujourd’hui 11 mois, n’a toujours pas réintégré sa petite chambre d’enfant. Vanessa et Emmanuel peuvent lui rendre visite pendant une heure et demie chaque semaine dans un centre sous surveillance. Et deux fois quatre heures par semaine avec une auxiliaire à leur domicile. « La justice nous catalogue comme des bourreaux d’enfants. On ne sait plus comment sortir de cet enfer. »
Le pourtour crânien se développe normalement, contrairement à celui des enfants secoués
Malgré le dernier rapport d’experts favorable aux parents, le tribunal d’Angoulême a décidé du maintien en placement de Lorys jusqu’au 31 mai, au motif que « le syndrome du bébé secoué ne peut pas encore être écarté ». « La justice s’abrite toujours derrière le principe de précaution, tant que l’enquête pénale est en cours, indique leur avocat, Me Thuret. Même les derniers rapports, expliquant notamment que le pourtour crânien de l’enfant se développe normalement, contrairement à celui des enfants secoués, ne décident aucun magistrat à rendre cet enfant à ses parents. On fait appel à un expert, à un contre-expert et à un duo d’experts. On est à la phase collège d’experts. »
Pire, l’enfant pourrait être remis à une famille d’accueil. Intolérable, pour Vanessa et Emmanuel. « Je ne veux pas que mon fils s’attache à une nouvelle maison, une nouvelle maman, ce n’est pas possible ! Nous avons loupé tellement de choses avec notre bébé : sa première compote, la première fois qu’il a mangé de la viande. Heureusement, c’est à moi qu’il a dit son premier « maman ». Mais quand il va se mettre debout, faire ses premiers pas… on ne sera peut-être pas là. Qu’est-ce qu’on nous reproche ? Qu’est-ce qu’ils attendent de nous ? » Quant à la nounou, elle a été auditionnée en garde à vue. Elle conserve son agrément et continue d’exercer.