INTERVIEW L’agriculteur Jean-Pierre Le Guelvout, ex-candidat de la saison 5 de « L’amour est dans le pré », en 2010, s’est suicidé le 14 décembre. Marie, sa sœur, continue son combat. Elle raconte.
Closer : En décembre 2016, votre frère, Jean-Pierre Le Guelvout, 46 ans, s’est donné la mort. Il bataillait depuis longtemps contre une situation économique et personnelle éprouvante…
Marie Le Guelvout : Jean-Pierre, c’était mon petit frère. Nous avions trois ans d’écart. On n’avait jamais été séparés. Je vis à 28 km de la ferme qu’il exploitait avec André, notre frère aîné. La veille de sa mort, j’étais restée longtemps avec lui au téléphone. On a discuté de l’avenir, de ses projets… Rien ne laissait présager ce qui s’est passé. Le lendemain, il a pris son petit déjeuner avec André comme tous les matins et, vers midi, il s’est tiré une balle en plein cœur. C’est André qui l’a trouvé, vers 18h30. Il avait laissé une note : « Aujourd’hui, le désespoir est supérieur à l’espoir. Les vaches m’ont tué. »
Il était complètement épuisé ?
Il travaillait souvent jusqu’à 2 heures du matin. Après la ferme, il s’employait chez les voisins. En vingt-cinq ans, il a dû prendre trois semaines de vacances, et c’était pour ADP ! Deux jours avant sa mort, il était allé voir le médecin. Il ne dormait plus depuis un mois, était sous anxiolytiques et somnifères. Pour moi, il était en dépression. Depuis le décès de papa, en 1992, il s’était associé avec André sur l’exploitation. C’était 80 % de leurs revenus. Mais en 2015, avec la suppression des quotas laitiers, le prix de vente du lait ne couvrait plus les coûts de production. Comment faire face aux remboursements, aux dettes de fournisseurs qui demandaient qu’on les paye au cul du camion ?
Il n’avait pas eu peur de s’exposer dans une émission de télé ?
Quand il me l’a annoncé, je me suis dit que c’était une erreur, il n’était pas préparé… j’aurais dû le coacher. Lui dire que certaines expressions, très franches, ne passent pas.
Il a pourtant eu de bons moments avec Christelle…
Ils ne se plaisaient pas, mais on l’a obligé à choisir. Ils ont décidé de jouer le jeu et de profiter du voyage en Italie. Mais il n’a jamais regretté sa participation et était resté en très bons termes avec Karine Le Marchand.
Il avait encore une vie sentimentale ?
Oui, mais les filles finissaient toujours par partir. La ferme, ça fait fuir, c’est pas les 35 heures et 5 semaines de congés payés. Il voulait tant fonder une famille, en finir avec la solitude… Il avait même contacté une agence de rencontres qui mettait en relation des filles russes et des agriculteurs.
Avec Fabienne, votre cadette, vous avez décidé d’aider André à maintenir l’exploitation…
Avant de mourir, maman nous avait fait promettre de rester unis. Jean-Pierre est parti mais, nous trois, on ne se lâchera jamais. On a monté une cagnotte*, car il y a un emprunt de 300 000 € à rembourser… Si on pouvait rassembler 50 000 €, ça le sauverait !
* Les dons peuvent être adressés à l’Association Jean-Pierre, Kerlego, 56500 Moréac ou via www.leetchi.com/fr/cagnottes/associations.