En confiant son secret sur sa séropositivité à sa meilleure amie, Paige ne pensait pas qu’elle deviendrait la cible de ses camarades. Aujourd’hui, elle milite pour que cesse la discrimination envers les personnes séropositives ou les malades.
Qui s’imagine un jour voir son nom écrit sur les murs des toilettes de son école ? Pas Paige, pom-pom girl et joueuse de football émérite de son collège. Jusqu’au jour où la pétillante adolescente y a lu « Paige a le sida », suivis de « Salope. Putain. Dégage ». Débute alors pour elle deux années d’un calvaire quotidien où les harceleurs bénéficieront du silence de l’administration scolaire. Paige est née le 11 août 1994, porteuse du HIV à la naissance.
Etre séropositif signifie que l’on est porteur du virus HIV. Le terme sida désigne la forme évoluée de l’infection par le VIH. Un traitement efficace peut permettre de retarder, voire d’éviter, l’apparition de la maladie. Sans le savoir le père de Paige, ex-militaire, a transmis le virus à son épouse qui l’a, à son tour, transmis à son bébé lors de sa grossesse. La séropositivité de la mère et de la fille ne sera d’ailleurs découverte que trois ans après la naissance de Paige.
Lorsqu’elle entre au collège, Paige est une ado de 12 ans vive et enjouée. C’est à cet âge qu’elle découvre que l’amitié peut rimer avec trahison. Pom-pom girl, membre de l’équipe de football, elle a toute une bande de copains autour d’elle. « Avant un entraînement de gym, j’ai confié mon secret sur ma séropositivité à ma meilleure amie, Yasmine. Une heure plus tard, alors que je buvais au goulot dans une bouteille d’eau, j’ai entendu : « Fais gaffe. Bois surtout pas après elle : je te jure, elle a le sida. » Je suis restée tétanisée. Il avait suffi d’une heure pour que le harcèlement commence… »
A 14 ans, Paige devient la plus jeune intervenante de la Croix-Rouge sur les questions de sida
Car c’est un véritable harcèlement qui démarre. Des messages malveillants et anonymes sont glissés dans son casier et lancés sur les réseaux sociaux ; les rumeurs les plus folles courent à son sujet ; son prénom Paige est détourné en Paids (« aids » étant l’acronyme anglais de sida) et hurlé sur son passage. Pire, les professeurs laissent faire, quand ils ne renchérissent pas. Son coach de foot ose même lui proposer « d’utiliser ta séropositivité à notre avantage. Les joueurs de l’équipe adverse redouteront de te toucher, ce qui te permettra de marquer sans la moindre difficulté » ! « A l’époque, j’ai été humiliée, violentée, harcelée au collège, car je suis née séropositive. Je n’en étais en rien responsable et je ne voulais de mal à personne. Pourtant, j’ai été forcée de quitter mon école. Ce sont les harceleurs qui auraient dû être sanctionnés et pas moi. »
Mais Paige refuse cette injustice et, depuis, milite activement contre le harcèlement scolaire. A 14 ans, Paige devient la plus jeune intervenante de la Croix-Rouge sur les questions de HIV/sida, de discrimination et de stigmatisation des jeunes malades. Infatigable, armée de son sourire, elle raconte son histoire et parcourt les Etats-Unis pour donner conseils et informations aux adolescents, croisant au fil de ses interventions de nombreuses célébrités telles Rihanna ou Miley Cyrus qui, elles, ne craignent pas de lui faire la bise. « Je rêve d’un monde où il n’y aurait plus de cruauté envers les personnes porteuses du VIH et où celui-ci appartiendra au passé. »
Cet article est extrait du n° 606 de Closer.