INTERVIEW. Avec son regard aiguisé, son verbe aussi cinglant que drôle, Christophe Alévêque harponne l’absurdité de notre monde. Dans son nouveau livre Bienvenue à Webland, ce citoyen engagé décortique Internet avec un humour vivifiant. Interview.
Closer : Pourquoi écrire un livre très drôle pour dénoncer les travers d’Internet ?
Christophe Alévêque : Parce qu’Internet devrait être à notre service, et que nous sommes tous devenus ses jouets via les fichiers remplis de nos informations personnelles. C’est très effrayant. Je le fais sous forme de nouvelles avec de l’humour. Mais mon livre est très documenté : tous les chiffres, toutes les données sont absolument exactes, vérifiées ! Bien sûr, c’est un progrès indéniable, c’est notre avenir. Mais c’est fait à marche forcée. Par exemple, en réglant par chèque le dernier tiers d’impôt, je me suis tapé 10 % de pénalités ! Il fallait payer par Internet ! Si on n’a pas le choix, ce n’est pas démocratique.
C. : Que pensez-vous des réseaux sociaux ?
C.A. : C’est le règne du néant ! D’un côté, Facebook censure la photo du tableau de Courbet, L’Origine du monde, un chef-d’œuvre, parce qu’il représente un pubis de femme avec des poils. De l’autre, ces réseaux laissent couler sans entrave tout un dégueulis. Derrière des pseudos souvent anonymes, on voit un pétainisme s’y développer : l’homophobie, le racisme, l’antisémitisme, sans parler du djihadisme… C’est le grand exutoire !
C. : Sur scène, vous choisissez justement de rire aussi du terrorisme…
C.A. : J’étais très copain avec Tignous [dessinateur de Charlie Hebdo, assassiné le 7 janvier 2015, NDLR] et j’ai commencé mon spectacle huit jours plus tard. On était d’emblée dans le bain de l’horreur. C’est le public qui m’a tout de suite encouragé à parler de nos peurs, du trip sécuritaire, pour essayer de prendre du recul… Il faut rire des terroristes et j’espère que ça les emmerde ! Avec mon ami Renaud, on avait mis une banderole « Même pas peur », place de la République. Banderole dérisoire, mais photographiée de tous côtés pendant des mois. J’espère que ça a fait chier ces bouchers de djihadistes !
Une interview à retrouver dans le nouveau numéro de Closer, en kiosque vendredi et téléchargeable sur smartphone, iPad et KiosqueMag dès jeudi soir à 20 heures.