Interview. Quel est le point commun entre Brad Pitt, Jack Lang et Sheila ? Ils ont tous été piégés par Raphaël Mezrahi. Mais, attention, tous aux abris : l’humoriste est de retour avec un double DVD de canulars inédits. Closer a interrogé l’intervieweur le plus barré de la télé…
Closer : Il y a quelques semaines, vous avez fait le buzz avec votre interview de Nabilla… C’était la dernière personne en France que vous pouviez piéger sans être démasqué ? Raphaël Mezrahi : Non, il y en a d’autres, sa génération ne me connaît pas. Mais l’échange est d’autant plus drôle avec ces candidats qui débarquent de téléréalités et se permettent de me dire que mes questions n’ont aucun intérêt, alors que j’ai vingt-cinq ans de métier. C’est du chef-d’œuvre ! De toute façon, j’aime bien passer pour un crétin, ça me fait rire… C’est comme quand j’avais interviewé Brad Pitt. Les journalistes avec qui je l’attendais étaient des nanas sublimes qui s’étaient préparées pendant deux mois pour ce moment. Et moi, j’arrivais avec une mèche approximative, un pull troué et un sale accent français. Elles m’ont pris pour un demeuré, ce qui m’amusait.
Votre prochain challenge, ce serait qui ? Donald Trump ? Ah oui, ce serait génial ! J’ai d’ailleurs interviewé son ex-femme, Ivana. Mais la séquence n’avait aucun intérêt, c’était le néant. Je ne l’ai même pas diffusée…
Avez-vous parfois eu peur de vous prendre une baffe d’une star malmenée ? Je n’ai peur de rien. Même Jean-Pierre Castaldi, qui avait mal pris les choses sur le coup, est ensuite devenu un pote. C’est d’ailleurs le cas de presque tous ceux qui ont réagi violemment, comme Mathilda May, Gonzague Saint-Bris ou Line Renaud… Michel Delpech aussi m’avait demandé de ne pas montrer son interview, ce que je ne ferai jamais.
Toutes les personnalités dont vous avez diffusé les entretiens vous y ont donc autorisé ? Même un Lambert Wilson, qui était visiblement excédé ? L’histoire avec Lambert Wilson est marrante. Sur le coup, c’est vrai qu’il était parti très énervé. Mais, trois ans après, il a demandé à ce que l’interview soit diffusée dans Les Enfants de la télé. Il a alors expliqué qu’à cette période de sa vie, il n’était pas bien, que j’avais été sa goutte d’eau… Et que, pendant trois ans, il avait ensuite réfléchi à cause de moi. Je ne pensais pas avoir déclenché une telle crise !
Dans vos canulars, vous semblez souvent improviser. C’est le cas ou tout est très écrit ? Au contraire, c’est de la haute couture ! Je ne pose jamais de questions anodines : tout est archichiadé. J’ai des arborescences en fonction des réponses éventuelles de l’autre. C’est pointu, en fait. Prenez Nabilla : quand je lui demande quel dessert serait son ami entre un mystère, une religieuse ou un gland, je ne peux pas savoir ce qu’elle va répondre. Il faut donc être très à l’écoute.
Vous sortez un DVD avec plusieurs inédits. Il vous en reste beaucoup sous le coude ? Plein ! Là, j’ai redécouvert l’interview intégrale de Jacques Villeret, que j’ai mise dans ce DVD. J’ai aussi retrouvé quatre cassettes d’entretien avec Sylvie Joly. Je ne sais pas ce qu’il y a dedans, mais je vais les visionner. Si j’ai autant d’inédits, c’est qu’à l’époque, Canal m’a viré du jour au lendemain, sans aucune élégance, et que j’avais donc mis en boîte pas mal de choses qui n’ont pas été exploitées.
Que pensez-vous du nouveau Canal, vous qui dites y avoir été blacklisté pendant vingt ans ? Là, ça va, ils m’accueillent ! Je produis deux primes pour eux, des portraits d’humoristes, dont le premier sera consacré à Laurent Baffie. C’est une chaîne en devenir, même s’ils sont loin de l’esprit Canal d’avant.
Qu’est-ce qui vous fait rire à la télé, actuellement ? Rien ! Je suis un vieux ringard, resté à la télé d’il y a trente ans. Mes copines sont Evelyne Leclercq et compagnie. Le reste m’emmerde ! Je ne regarde que France 5, Arte, et un peu Yann Barthès. Mais, sinon, les chaînes ne prennent pas de risques. Personnellement, je passe mon temps à proposer mes projets à des patrons qui les refusent toujours, après m’avoir offert un café. On m’a proposé plus d’expressos qu’à George Clooney… Je viens d’ailleurs d’écrire un spectacle, Ma grand-mère vous adore !, dans lequel je diffuse pendant une demi-heure tout ce que l’on m’a refusé ces dix dernières années. Comme mon spectacle sera filmé, puis diffusé à la télé, c’est une manière de les faire chier ! Aujourd’hui, on a l’impression qu’à partir du moment où l’on n’est pas chroniqueur payé 150 €, on n’est rien…
On ne vous verra donc pas autour de la table de Cyril Hanouna ! Pour être chroniqueur ? Non, j’ai passé l’âge. Je suis un vieux schnock ! Avez-vous d’ailleurs vu le canular qui a tant fait polémique, dont Matthieu Delormeau était la victime ? Non, qu’est-ce que c’était ? [On lui explique.] Mais c’est violent, le pauvre ! Moi, je n’aime que l’humour.
Vous avez brièvement travaillé avec Jean-Marc Morandini dans Tout est possible. Qu’avez-vous pensé de l’affaire qui l’a touché cet été ? S’il a vraiment fait ça, c’est dégueulasse, mais je n’en sais absolument rien ! La meilleure définition de l’affaire a été donnée par ce génie de Christophe Hondelatte : pénalement, ça m’étonnerait qu’il lui arrive quelque chose mais, quoi qu’il arrive, c’est une sale affaire !
Loin de la télé, en quoi consiste votre vie quotidienne ? Elle me fait chier ! Je m’ennuie terriblement. J’aime les animaux, la musique et les femmes, point final.
Cette interview a été publiée dans le numéro 598 de Closer.
5 choses qu’on ne sait pas sur Raphaël Mezrahi
1. N’allez pas le voir avec un vison sur le dos ! « J’interdis l’entrée aux nanas qui portent de la fourrure, explique cet amoureux des animaux. C’est clair et net. »
2. En septembre, il a été nommé « Champenois de l’année » par le magazine Bulles & Millésimes. Propriétaire d’une parcelle à Celles-sur-Ource, il a même créé le premier champagne vegan. L’humour est dans le pré…
3. Il a fait le stade de France en 2005 ! « J’avais loué la salle entre les chiottes et la tribune présidentielle. J’ai perdu de l’argent, mais c’était pour la rigolade. »
4. En 2014, il a soutenu la candidature d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris.
5. En revanche, son engagement pour Ingrid Betancourt est un hasard, il avait été interpellé par sa fille dans la rue. Il ira fêter sa libération à l’Elysée avec son ami Laurent Baffie, porteur du Livre de la jungle pour l’ex-otage.