Traumatisée par un accouchement difficile et une dépression postnatale, Sujata, 35 ans, a renoué le lien maternel en créant de superbes clichés de sa fille. Une jolie façon de demander pardon à sa petite Aayat, 3 ans.
Ses photos magnifiques ont une seule et unique héroïne : sa fille Aayat, une adorable brunette de 3 ans dont elle immortalise éclats de rire et aventures. Grandes et petites. Les câlins partagés avec mamie ou des pauses avec le toutou adoré de la famille. Tous ces moments si précieux que chaque parent aimerait retenir à jamais. Mais derrière ces clichés pleins de tendresse qui ont conquis Internet ces derniers mois, se cache une histoire douloureuse. « Avec ce travail photographique, j’espère créer assez de souvenirs pour que ma fille puisse oublier le moment où le médecin me l’a tendue à sa naissance et que, de colère, je l’ai repoussée… » confie, émue, Sujata, belle Anglaise de 35 ans, installée à Devon.
« On fait croire qu’être mère est inné. C’est faux »
Après vingt-six heures de travail, épuisée par cet accouchement, la jeune maman est si bouleversée qu’elle ne peut accueillir son enfant : « Je me sens extrêmement coupable de ne pas avoir été capable de la tenir dans mes bras, le traumatisme physique était trop extrême. Personne ne vous dit à quel point le processus de l’accouchement est difficile. » Un mois après cette naissance, durant laquelle mère et enfant ont frôlé la mort, Sujata est toujours sous le choc. Epuisée, désemparée, elle sombre dans la dépression postnatale : « On fait croire qu’être mère est inné, c’est faux. Accepter que chaque instant de ma vie soit désormais consacré à ma fille m’était impossible. Il m’arrivait de regretter d’avoir eu un bébé. J’avais l’impression de la décevoir et de me décevoir. Tout mon monde s’écroulait. Je vivais dans la peur constante de faire mal. Et je me disais que ma fille méritait mieux qu’un parent dépressif. Avec tout ce stress, j’ai oublié, en chemin, d’être reconnaissante de cette bénédiction qu’est l’arrivée d’un bébé. »
« J’ai eu l’idée de lancer mon entreprise de photo, spécialisée dans la petite enfance »
La mélancolie de Sujata est telle qu’on lui prescrit des antidépresseurs. Mais cette ex-journaliste va trouver le moyen de se soigner elle-même : « A l’occasion d’un voyage en Inde, dont je suis originaire, j’ai eu l’idée de lancer ma propre entreprise de photographie, spécialisée dans les naissances et la petite enfance. J’avais besoin de me réinventer. Mes images faisaient sourire les parents et ça me faisait du bien. De retour en Angleterre, à l’occasion de vacances en famille, en photographiant ma propre fille, si belle, j’ai soudain compris à quel point je l’aimais et combien elle m’avait appris. C’est grâce à elle que je suis celle que je suis aujourd’hui. Elle m’a permis de comprendre qu’il est facile d’être centré sur soi, mais que s’abandonner totalement à son amour pour autrui est la seule façon de trouver le bonheur véritable. »