En reconnaissant la responsabilité du laboratoire UCB Pharma dans le polyhandicap de Julien, 18 ans, dû au Distilbène, le tribunal de grande instance de Nanterre a mis un terme à sept ans de bataille judiciaire. Un combat pour rendre justice à trois générations.
Le 29 septembre, le tribunal de grande instance de Nanterre a reconnu la responsabilité du laboratoire UCB Pharma dans le polyhandicap de Julien, 18 ans, un petit-fils « DES » (pour Distilbène). Le laboratoire qui commercialisait le médicament a été condamné à verser 595 000 € de dommages et intérêts à Julien et à sa famille. « Cette reconnaissance de la justice sur la responsabilité du laboratoire UCB Pharma va nous permettre d’avancer vers une forme d’apaisement pour franchir les prochaines étapes, construire le projet de vie de Julien. Mais, ce qui est sûr, c’est que cette souffrance que j’ai en moi provoquée par le Distilbène restera à vie et cela n’enlèvera en rien le handicap de Julien », confie Sylvie Le Cossec, qui partage son combat depuis plusieurs années avec Closer, elle avait déjà témoigné en 2014 dans nos pages.
La lutte des générations Distilbène
Handicapé à 80 %, Julien est une victime dite de troisième génération du Distilbène, un médicament qui a été prescrit jusqu’en 1977 en France pour limiter les risques de fausses couches. Très vite, il est apparu que le médicament était inefficace et accentuait le risque de lourdes malformations gynécologiques et de problèmes de stérilité chez les filles des femmes traitées, soit près de 160 000 personnes. « Mon fils aîné, Julien, est handicapé à 80 % à cause du Distilbène prescrit à sa grand-mère trente ans plus tôt », s’insurge Sylvie Le Cossec, qui se bat depuis plus de sept ans contre le laboratoire UCB Pharma. Une étude hollandaise démontrerait que la prise de Distilbène peut même entraîner des conséquences sur sept générations non exposées. Les juges de Nanterre ont retenu le rôle « indirect mais certain » du Distilbène dans le handicap moteur et psychique de Julien.
La molécule prescrite à la grand-mère dans les années 1970 a exposé le bébé in utero au diéthylstilbestrol (l’hormone de synthèse contenue dans le Distilbène), qui a causé une malformation utérine chez la mère, ayant entraîné la naissance prématurée et les lourdes séquelles qui handicapent Julien à vie. Après des années d’une âpre et éprouvante bataille, ce verdict est une nouvelle victoire pour les filles DES et leur famille. Car Julien n’est que le quatrième enfant « dit de la troisième génération Distilbène », à avoir été reconnu judiciairement victime de la molécule. Le combat continue.
Cet article est issu du numéro 593 de Closer