Depuis cette nuit de septembre 2014, Laurine Boutry, 23 ans, se bat pour rendre justice à sa mère, Rachel, retrouvée assassinée au petit matin sur un trottoir de Ménilmontant, à Paris. En mars dernier, nous vous avions relayé son combat. Un témoignage qui vous avait émus.
Rachel, 41 ans, était SDF. Une ombre de la rue. Mais, avant ce destin funeste, Rachel avait eu une vie de famille, des enfants dont elle s’était éloignée alors qu’ils n’avaient que 4-5 ans. « Elle pensait toujours à nous », confie Laurine. Lorsque Rachel meurt, sa fille, Laurine, venait de renouer le contact. Rachel avait trouvé la force de tourner la page des années dans la rue. « Maman avait 41 ans. Cette nuit-là, on me l’a arrachée, soupire Laurine. On s’était retrouvées un mois et demi plus tôt et il a fallu que je me rende à la morgue pour la reconnaître… Je n’aurai jamais plus la chance de lui dire que je l’aimais. » Depuis la tragédie, la jeune femme se bat avec ténacité pour lui offrir un « procès équitable ». En janvier, les faits ont été requalifiés, passant d’homicide à violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner. « Le suspect avait déjà deux ténors du barreau à ses côtés. J’étais scandalisée. C’est là que j’ai compris qu’il me fallait des avocats spécialisés et non un avocat commis d’office. »
Laurine ouvre en ligne un financement participatif pour l’aider à couvrir les honoraires
Laurine, hôtesse d’accueil, lance un appel à l’aide, relayé dans Closer (n° 561) et sur closer.fr, en mars . Deux avocats pénalistes, un père et son fils, maîtres Christian et Nicolas Ligneul, émus par son histoire, acceptent de travailler à coût réel sur l’affaire. Laurine ouvre en ligne un financement participatif pour l’aider à couvrir les honoraires. La jeune femme récolte près de 4 000 €. Le procès à la cour d’assises de Paris s’est tenu les 7 et 8 octobre. L’unique suspect, Christian H., 50 ans, un marginal récidiviste dont les traces d’ADN avaient été retrouvées sur le corps sans vie et mutilé de Rachel, a nié toute implication dans le meurtre. Une défense qui n’a pas convaincu les juges. Le verdict est tombé, condamnant l’homme à dix-huit ans de prison. « C’est un soulagement, mais nous aurions aimé un peu de vérité, des aveux, voire des regrets. Mais il n’y a rien eu de tout ça. Il n’a rien voulu dire, regrette Laurine. Cependant, justice a été faite, le meurtrier de ma mère est derrière les barreaux, et je suis heureuse d’avoir participé à rendre l’honneur et la dignité de maman. »