Quotidienne sur RMC, chroniques musicales, travail caritatif… A 69 ans, Roselyne Bachelot n’est pas près de prendre sa retraite. Ça tombe bien : pour elle, « tout commence à 60 ans », comme elle l’explique dans son nouveau livre, Bien dans mon âge (éd. Flammarion). L’occasion de recueillir ses secrets.
Closer : Dans Bien dans mon âge, vous donnez vos conseils bonheur, entre presse féminine et livre d’épanouissement personnel. On ne vous attendait pas sur ce terrain…
Roselyne Bachelot : Le déclic pour l’écrire s’est situé entre coup de cœur et coup de gueule, comme souvent chez moi. En quittant le monde politique, certains imaginaient que je n’allais plus rien faire. Et cette assignation à résidence, qui frappe beaucoup de femmes, m’a agacée ! J’ai donc voulu partager mon expérience.
La télé aide-t-elle à rester plus jeune que la politique ?
Ce qui est sûr, c’est que la politique fait vieillir de façon accélérée. Regardez ces pauvres ministres sur le perron de l’Elysée pour la photo protocolaire : ils sont tout heureux et, six mois après, ils sont passés dans l’essoreuse !
A la télé, on revient à une vie normale et on prend soin de son image.
Il y a quelques mois, Laurent Ruquier déclarait quand même qu’il ne vous choisirait pas pour remplacer Léa Salamé à cause de votre âge…
Laurent était absolument désolé de cette phrase ! Ce n’était pas une question de vieillesse, mais d’harmonie dans l’équipe. S’il avait pris une personne avec une autorité et un passé comme les miens, il fallait quelqu’un d’équivalent à côté.
Vous auriez pu éclipser Yann Moix ?
Non, je n’ai pas cette prétention ! Mais il faut une harmonie entre les participants.
Votre reconversion cathodique a-t-elle choqué vos proches ?
Non. Il y a toujours quelques pisse-vinaigre, comme monsieur Balkany, qui a fait un commentaire désobligeant. Mais, de sa part, je l’ai pris comme une médaille d’honneur ! Les gens qui m’aiment ont en revanche eu peur pour moi. Ils se disaient que j’avais mérité de ne plus prendre de coups. La politique est faite de succès, mais aussi de polémiques, de marionnettes des Guignols … Des choses qui font souffrir vos proches plus que vous-même.
C’est pour les épargner que vous n’avez jamais posé en couple ou avec votre fils ?
Oui. S’exposer avec les siens les expose de fait. J’avais déjà le sentiment de faire souffrir ceux qui avaient accepté que je fasse de la politique. Je n’ai jamais oublié ce mot mis sur mon oreiller par mon petit garçon de 11 ans, disant : « Maman, c’est dur d’être ton fils. »
La télé ne libère pas des attaques. Vous avez par exemple été très critiquée pour avoir dit que Rafael Nadal s’était dopé…
Ceux qui ne veulent avoir que les fleurs sans les épines se trompent. C’est le prix à payer !
Votre changement de vie semble en tout cas avoir inspiré Jean-Louis Debré, désormais sur Europe 1. Vous avez lancé une mode ?
Non, nous ne sommes que trois, avec Daniel Cohn-Bendit, qui participe à une émission sportive. Mais je trouve ça bien : les politiques ont rencontré des problèmes de toute nature… C’est un capital formidable pour les médias !
Certains conseils donnés dans votre livre vous ont été soufflés en haut lieu. Hillary Clinton vous a, par exemple, convaincue de ne plus porter de sac à main…
Oui, c’est drôle. En 1998, elle effectuait avec son mari une visite officielle. Je me retrouve avec elle dans un rendez-vous destiné aux dames et, à la fin de l’entretien, je lui demande quel conseil elle donnerait à une femme qui veut faire de la politique. Sa réponse : jamais de sac à main ! Mais, derrière l’apparente futilité du propos, elle disait quelque chose de très vrai : les femmes sont empêchées. Et un sac est une manière de vous interdire d’être au contact de vos électeurs.
Autre préconisation de votre livre : faire chambre à part !
Je milite pour le logement séparé, si vos moyens le permettent évidemment. Retrouver une chambre à soi est le comble du bonheur. Le cardinal de Retz définissait le mariage comme « l’échange de mauvaise humeur le jour, et de mauvaises odeurs la nuit »… Et cela ne s’arrange pas avec le temps !
On vous a découverte très cash dans Le Grand 8. L’étiez-vous autant à l’Assemblée ?
J’avais cette réputation. Mon professionnalisme ne m’empêchait pas de me détendre. Avant d’aller à un banquet ou à une inauguration quelconques, François Fillon m’appelait d’ailleurs pour que je lui souffle une blague à raconter !
Vous devriez lui en fournir un stock pour la primaire ! Allez-vous le soutenir ?
Je ne m’exprime plus sur le sujet, car j’ai un devoir de réserve. En tant que chroniqueuse-éditorialiste, j’ai pris des engagements envers le CSA. Mes amitiés, mes fidélités font désormais partie de la sphère privée.
Est-ce qu’être bien dans son âge autorise à être président à 71 ans, comme le serait Alain Juppé ?
Mais il y a des gens qui sont vieux à 30 ans ! Alain Juppé est magnifique et, à vrai dire, je ne crois pas beaucoup aux présidents de 35 ans…
A 38 ans, Emmanuel Macron serait donc trop bleu ?
Tout dépend du parcours. Il a quand même occupé Bercy, qui n’est pas le secrétariat d’Etat aux choux farcis ! Mais, ce qui lui manque, c’est la connaissance fine du fonctionnement de la politique, d’un parti, de l’opinion… Je ne crois pas qu’il puisse l’emporter cette fois-ci. Et j’aime à citer ce proverbe africain : « L’antilope qui quitte sa mère finit toujours sur le tam-tam. »
Il y a bien failli n’y avoir aucune femme à la primaire de la droite. Cela vous aurait choquée ?
L’image aurait été regrettable et aurait desservi cette famille politique.
En 2012, vous disiez qu’il y avait des salopes en politique. Il y en a autant à la télé ?
Oui, tous les lieux de pouvoir sont cruels. Mais, dans les médias, cette violence est enrobée d’une trompeuse convivialité. On vous dit : « Ma chérie, cette toilette te va à ravir », alors qu’on pense l’inverse… En politique, au moins, on ne vous fait jamais de compliments !
Un bon point pour la politique, alors. Si la droite remportait la présidentielle, vous vous verriez revenir ?
On me pose souvent la question. Mais non ! Même si on fait appel à moi, je n’irai pas !
Cette interview a été publiée dans le numéro 589 de Closer.
5 choses qu’on ne sait pas sur Roselyne Bachelot
1 – Si ses anciens collègues des Républicains attendaient son parrainage pour la primaire, ils ont été déçus : elle n’a plus de carte au parti!
2 – Elle est pressentie chaque année mais, non, elle ne compte pas faire Danse avec les stars : « C’est trop impliquant, et j’en serais de toute façon incapable ! «
3 – Son père, député RPR, l’a initiée à la politique, mais elle aurait pu avoir une autre carrière : elle est en effet docteure en pharmacie.
4 – Ses tailleurs roses ont marqué les esprits. En la nommant ministre en 2007, François Fillon la convoque pourtant pour lui demander de porter des couleurs sombres.
5 – Elle avait beau la disséquer dans sa revue de presse du Grand 8, Roselyne Bachelot n’est pas lectrice de presse people. « Mais j’achèterai ce numéro de Closer » , nous a-t-elle promis.