Miguel Almoril est un homme à la foi inébranlable. Durant des mois, il a assisté sa femme enceinte, dans le coma, que les médecins disaient perdue. Récit d’un combat pour la vie.
Pour la jeune et jolie Yuliya, la vie ne peut être plus belle. Après un premier mariage raté, elle rencontre son âme sœur, Miguel, à 30 ans. Quelques mois après, le couple prépare son mariage et l’arrivée de leur premier enfant.
« Ma vie était complète ! Je ne pouvais être plus heureuse », se souvient la jeune femme. Pourtant, un événement dramatique va mettre fin à la belle idylle.
« Les médecins m’ont dit qu’elle ne passerait pas la nuit »
Le 16 novembre 2009, Yuliya est en vacances, Miguel doit aussi être en congé le soir même, car ces deux-là veulent du temps pour préparer leur mariage, qui aura lieu le mois prochain. Le couple a appris trois semaines auparavant la grossesse de la jeune femme. En attendant que son futur époux ait fini sa journée, elle part en voiture acheter la peinture qui recouvrira les murs de la chambre du bébé à venir. Yuliya n’atteindra jamais la boutique. Un sol glissant lui fait faire une embardée et elle percute de plein fouet un véhicule qui arrive en face. La violence du choc sectionne la partie de la base de la colonne vertébrale reliée au crâne. Yuliya sombre immédiatement dans le coma. Pour Miguel, le choc est absolu : « J’ai failli m’évanouir quand je l’ai vue immobile sur son lit d’hôpital. Elle saignait du nez et des oreilles. Les médecins m’ont dit qu’elle ne passerait pas la nuit. »
La vie du jeune couple est bouleversée à jamais. Leur mariage est annulé, et Miguel va alors se dévouer corps et âme pour celle qu’il aime plus que tout au monde : « Je ne l’aurais jamais abandonnée. Je savais qu’elle reviendrait. Je crois au pouvoir de l’amour. » Miguel demande à passer à temps partiel à son travail. Ainsi, chaque jour entre 15 et 22 heures, il est là, tenant la main de Yuliya : « Je lui chantais des chansons, lui racontait ce qu’on ferait à son réveil, la massait. » Mais la jeune femme ne répond à aucun stimuli, même si elle a les yeux ouverts. « Je n’abandonnais pas. Ni elle ni notre enfant qui continuait de grandir en elle.« Pourtant, les médecins sont tous pessimistes. Chacun tente de faire comprendre à Miguel que Yuliya ne sortira jamais de son coma, ou qu’elle restera à l’état végétatif, ou encore que le bébé ne pourra pas survivre étant donné les traumatismes, puis les traitements subis par sa mère in utero. Mais Miguel s’accroche. Le bébé ne grossit pas assez ? Qu’à cela ne tienne, Miguel s’emploie à nourrir lui-même sa femme, avec de la bouillie… « Un jour, elle m’a suivi du regard. L’infirmière n’en revenait pas. » Peu après, alors qu’il met sa tête sur la poitrine de Yuliya, celle-ci pose soudain son bras sur son homme. Malgré tout, aucun changement n’est enregistré au niveau neurologique. La jeune femme reste insensible.
« Je la suppliais de me dire un mot »
Enfin, le 31 mars 2010, un miracle… « Alors que je la suppliais de me dire un mot, elle a soufflé « Oui ». J’ai couru chercher le médecin. Puis, j’ai redemandé à Yuliya de redire ce qu’elle m’avait dit et elle a remurmuré « Oui ». » Le personnel médical est abasourdi. Miguel, lui, rayonne. Plus que jamais, il croit dur comme fer que sa femme va s’en sortir. Yuliya accouche par césarienne le 28 mai, avec trois mois d’avance. Le bébé est en bonne santé, mais la maman semble encore une fois ne pas réagir. Avec sa foi, sa volonté inébranlable, Miguel s’emploie chaque jour à lui mettre le bébé dans les bras. Peu à peu, Yuliya paraît revenir à la vie. C’est finalement un an plus tard, en décembre 2010, que la jeune femme retourne vivre chez elle. « Je continue de trouver bizarre de ne me souvenir de rien après l’accident, raconte aujourd’hui Yuliya. Mais les choses vont de mieux en mieux. Je suis toujours en fauteuil roulant, mais mon cerveau se remet bien ! Nous nous sommes mariés en mai, l’an dernier, et j’ai promis à Miguel et à notre fille Lena que je remarcherais un jour. Je dois bien ça à celui qui m’a sauvé la vie par son amour ! »