Edith en a toujours été convaincue. L’homme qu’elle aime n’est pas celui que l’on a décrit durant son procès comme un meurtrier sans pitié. Elle était sûre qu’il ne pouvait pas avoir assassiné sa sœur jumelle, Joahana. Aujourd’hui, la justice lui a donné raison.
En Argentine, Edith avait épousé envers et contre tous Victor, l’homme condamné pour le meurtre de sa sœur jumelle. C’était en 2013 et Victor, également ex-amant de la victime, purgeait alors une peine de prison de 13 ans. Aujourd’hui, son mari a été innocenté et il est enfin libre pour le plus grand bonheur d’Edith.
« Nous allons enfin pouvoir vivre comme mari et femme »
Lorsque Victor est sorti de prison, après trois ans derrière les barreaux, c’est une Edith transfigurée qui l’a accueilli. Transfigurée par une joie sans limite, celle de retrouver l’homme de sa vie, enfin innocenté ! Rayonnante, souriante comme jamais devant les journalistes rassemblés pour cette libération, Edith clame haut et fort : « Je savais au plus profond de mon cœur que Victor ne l’avait pas tuée. Enfin, nous allons pouvoir vivre normalement, comme mari et femme. J’avais raison ! » Petites, Edith et Johana sont des copies conformes : habillées de la même façon, partageant absolument tout, s’exprimant au même moment, et ce, pour le plus grand bonheur de leur maman. Divorcée de Valentin, le père des jumelles, Marcelina élève d’une main ferme ses filles adorées : « Assez vite, j’ai remarqué qu’elles prenaient des voies différentes. Johana était plus expansive, sociable, à l’aise, tandis qu’Edith était timide, calme, voire renfermée. » Physiquement, Johana prend soin d’elle au point de vouloir devenir mannequin. Edith, elle, est plus pataude, plus enrobée, mal à l’aise dans son corps. Son rêve est de travailler dans la police, comme son père. C’est d’ailleurs chez lui, non loin de la maison de leur mère, que les jumelles décident d’aller vivre, à 16 ans.
« Ma sœur ne m’a jamais dit qu’il était violent avec elle »
C’est alors que Victor entre dans leur vie. Agé de 22 ans, le jeune homme tombe fou amoureux de Johana. « Ce n’était pas un type bien, dit Marcelina. Il était agressif, manipulateur. » Pourtant, son flirt avec Johana dure presque un an. « Je voyais des bleus sur ma fille. Elle avait toujours une excuse mais, un jour, elle m’a avoué que Victor la battait. » Valentin affirme avoir porté plainte trois fois contre le jeune homme, sans qu’il n’y ait rien de fait. Le couple finit par se séparer. Et c’est Edith qui, à son tour, succombe au charme de Victor. « J’ai averti ma sœur. Elle n’a rien dit sur ma relation, on ne voulait pas se disputer pour ça. En tout cas, elle ne m’a jamais dit qu’il avait été violent envers elle. Toute cette histoire de bleus a été inventée par mes parents. » Peu après, Johana quitte le foyer pour se mettre en ménage avec son nouveau petit ami, Marcos. La jeune fille sera tuée une semaine plus tard. Pour les parents des jumelles, il n’y a aucun doute possible, c’est Victor qui, fou de jalousie, a tué leur fille. Dès lors, tout s’enchaîne. Les preuves s’accumulent sans que Victor ne puisse se défendre. Tout se ligue contre lui. Abasourdie par les événements, Edith est sous le choc. Victor est condamné à treize ans de prison. Seule, sa famille croit en son innocence. Et Edith. La jeune femme va se mettre ses parents à dos en allant vivre chez la sœur de Victor. Puis les liens avec l’accusé se renforcent jusqu’à ce jour de décembre 2012 où il la demande en mariage.
Un mariage célébré devant une foule hurlant à la honte
L’union sera célébrée rapidement, en mairie, devant une foule déchaînée hurlant à la honte, à l’assassin. Mais le couple tient bon. Ensemble, ils font appel du jugement. Il faudra attendre trois ans pour que le procès soit révisé. Et enfin, la vérité, la justice récemment rendue pour sa sœur Johana : Marcos est accusé du meurtre. Cette fois, les preuves sont irréfutables. Oui, les deux hommes étaient bien ensemble le soir du crime, mais c’est Marcos qui a tué. Victor, lui, n’était plus sur les lieux au moment des coups de feu. « C’est son petit ami qui l’a assassinée. Je le savais, et je l’ai toujours dit. Je n’ai jamais eu peur, j’aurais attendu Victor toute ma vie s’il avait fallu. Ma sœur me manque, notre complicité d’autrefois me manque. Enfin, la justice a été rendue. »