Le livre de sa mère, Betty Mahmoody, avait ému le monde entier. Mahtob se confie à son tour, revenant sur sa fuite d’Iran jusqu’à l’apprentissage d’une nouvelle vie sur laquelle a longtemps plané l’ombre d’un père extrémiste et tyrannique…
Mahtob n’a rien oublié. Le best-seller de sa mère, vendu à trois millions d’exemplaires rien qu’en France, et adapté au cinéma, elle en connaît les moindres détails. Elle ne l’a pas lu. Mais elle l’a vécu. Aujourd’hui, près de trente ans après, la jeune femme née en 1979, diplômée de psychologie, décide de partager son histoire dans un livre, sa vision à elle des faits, au travers des yeux de l’enfant de 4 ans qu’elle était alors…
C’est en 1984 que Mahtob et ses parents s’envolent pour deux semaines de vacances dans le pays d’origine du père de famille. Moody est iranien et médecin, formé aux Etats-Unis. Le séjour en Iran vire au cauchemar, car Moody refuse de laisser repartir sa femme et sa fille. « C’est le jour où mon bien-aimé papa s’est changé en monstre », raconte Mahtob. Dans l’Iran en guerre contre l’Irak, les bombes rythment le quotidien de Betty et Mahtob. Pendant dix-huit mois, elles vont devoir lutter, se battre et survivre à la paranoïa et à la folie d’un homme devenu extrémiste. « Chaque matin, pour passer la porte de l’école, rapporte Mahtob, je devais piétiner ou cracher sur le drapeau américain en hurlant « Vive Khomeiny ! A mort l’Amérique ! » »
Betty veut aider Mahtob à pardonner
Mais Betty tient bon. A force de patience et aidée par des Iraniens au grand cœur, Betty parvient enfin à fuir l’Iran, avec sa fille. C’est au péril de leur vie qu’elles parviennent en Turquie, où elles sont recueillies par l’ambassade américaine. « On aurait pu croire que les retrouvailles avec notre famille du Michigan marqueraient la fin de notre bataille et le début d’une nouvelle existence de paix, mais ce ne fut pas le cas. » Car l’ombre du père plane. L’homme a juré de les retrouver, de tuer Betty et de ramener sa fille en Iran. « Mon père avait fait de nous des prisonnières suffisamment longtemps ; nous n’allions pas sacrifier nos vies à cette règle. […] Maman racontait notre histoire en espérant que l’attention publique agirait comme une mesure de sécurité supplémentaire. »
Le succès de Jamais sans ma fille est fulgurant et mondial. Mais Betty veut faire plus : aider sa fille à pardonner, aimer de nouveau. « Je détestais mon père et tout ce qui touchait l’Iran. Tant que la haine régnerait dans mon cœur, je resterais prisonnière de mon père, même en son absence. » Car l’homme tyrannique continue à terroriser Mahtob : par des menaces télévisées quand il apprend que sa fille est devenue catholique, par ses amis convertis à sa cause qu’il envoie au domicile de Betty… 32 déménagements ne viendront pas à bout de l’acharnement de Moody. En 2009, il meurt de problèmes de santé rénaux. En partageant son histoire dans son livre « Vers la liberté » (éd. Jean-Claude Gawsewitch) et en se libérant « de l’angoisse de son passé », Mahtob lui a enfin échappé pour de bon : « Aujourd’hui, je suis libre. »