Plus chic qu’un noble anglais ? Normalement, y’a pas ! L’an dernier, la Grande-Bretagne découvrait pourtant l’exception à la règle : John Sewel, ex-ministre de Tony Blair, mais aussi amateur de cocaïne et de prostituées…
Les manières d’une Nadine de Rothschild et la pudeur d’une Geneviève de Fontenay… Jusqu’à l’an dernier, c’est l’image sans aspérités qui collait à la peau de John Sewel. Celle d’un homme intègre de 69 ans, représentant la Chambre des lords dont il est alors le président adjoint. L’ex-ministre de Tony Blair affiche en effet un parcours sans faute, des ors du gouvernement aux velours du Parlement. Sa principale qualité ? La droiture, lui qui dirige une « commission de l’Immunité et de la Tenue » et a conçu pour ses collègues députés un code de bonne conduite prônant « altruisme, sens des responsabilités, transparence et honnêteté ». A ceci près que, parfois, on peut écrire un document sans forcément le lire…
De la drogue sur la poitrine d’une prostituée
Le 26 juillet 2015, The Sun en apporte une preuve éclatante : en une, on voit le vénérable aristocrate, entouré de deux prostituées, en train de sniffer de la cocaïne à l’aide d’un billet ! Plus loin, dans le journal, on le surprend d’ailleurs consommant de la drogue sur la poitrine de l’une d’elles, puis lui signant un chèque. De quoi choquer toute l’Angleterre et faire de « Lord Coke », comme il est rebaptisé, la risée du monde entier. D’autant que, dès le lendemain, le tabloïd britannique lui accorde une nouvelle couverture : cette fois il est vêtu d’un soutien-gorge rouge et d’un Perfecto féminin ! Le tout est assorti d’une vidéo, filmée par ses deux « bonnes amies », dans laquelle on l’entend traiter les lords de « voleurs, voyous et salauds », qualifier Boris Johnson, l’ex-maire de Londres, de « blague », et David Cameron de « superficiel ». La goutte d’eau qui fait déborder un vase déjà bien rempli… « La situation est sérieuse et une enquête doit être ouverte », commente ainsi l’ex-Premier ministre.
« Je suis désolé pour l’humiliation que j’ai causée à ma famille »
« Ces révélations sont choquantes et inacceptables », complète la baronne Frances D’Souza, présidente de la Chambre des lords. Dès le 28 juillet, celle-ci accepte d’ailleurs la démission que consent finalement à lui présenter John Sewel – lui qui était pourtant membre à vie de l’institution après avoir été anobli par la reine. « Je suis désolé pour le mal et l’humiliation que j’ai causés à ma famille, explique ce père de quatre enfants. La seule chose que je puisse faire est de quitter la Chambre, en espérant que cette décision limite et répare les dommages causés. » Mais ce ne sera pas le cas. Dans tout le pays, un débat s’est ouvert sur le statut de la noblesse d’Etat et son inamovibilité, qui embarrasse le gouvernement. En outre, les révélations ne sont malheureusement pas terminées pour Lord Coke : dans les semaines suivantes, on découvre tout des sommes astronomiques dépensées avec des prostituées et des treize maîtresses avec lesquelles il aurait trompé sa femme, Jennifer ! « Les scandales font de bonnes manchettes de journaux », avait-il déclaré du temps de sa splendeur moralisatrice. Il ne croyait pas si bien dire. Et il saura désormais qu’avec la perruque et la robe d’un lord anglais le Wonderbra n’est pas exigé…
Cet article a été publié dans le numéro 581 de Closer.