Le commissaire Arnaud Beldon, devenu paraplégique après avoir reçu une balle lors de l’attentat du Bataclan, a reçu, en juin, la légion d’honneur. Avec sa compagne Bérangère, il se bat pour se reconstruire.
Le 22 juin, sous les regards émus de sa compagne, Bérangère, et de leurs deux enfants, Arnaud Beldon a reçu les insignes de chevalier de la légion d’honneur des mains de Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur. La vie de ce commissaire de police de 38 ans a basculé le 13 novembre dernier lorsqu’il a croisé le chemin des terroristes. Présent au Bataclan, il a reçu une balle dans le dos. Il s’en est sorti vivant mais a perdu l’usage de ses jambes. « J’en ai bavé et j’en bave toujours. J’y pense tous les jours. A un moment, c’était une obsession. Aujourd’hui, j’ai envie de vivre, même sans mes jambes », a-t-il déclaré devant le parterre d’invités. Le soir de la tuerie, Arnaud était accompagné de Bérangère, elle aussi commissaire de police. Ils étaient au Bataclan à titre privé. Le rock leur a permis de tomber amoureux. Ils n’auraient jamais imaginé qu’il puisse les détruire. Dans La Tribune du commissaire, sa compagne a fait le récit de cette nuit d’horreur. Un témoignage bouleversant pour dire merci à l’homme qui lui a sauvé la vie. « Quinze jours avant le drame, j’ai reçu deux places pour le concert des Eagles of Death comme cadeau d’anniversaire », raconte-t-elle.
Il a encouragé les personnes à fuir alors qu’il restait au sol
21 heures, le concert commence. Les gens sont heureux. Les couples se tiennent par la main. Bérangère regarde son portable. Il est 21h37. « Arnaud m’enlace. C’est la dernière fois que je le vois à mes côtés [debout, NDLR] mais ça, je ne le sais pas encore. Je lui dis merci et l’embrasse. Puis soudain, des coups de feu retentissent », poursuit-elle. Les gens commencent à hurler. Arnaud ordonne à sa femme de se coucher. Il lui dit qu’il faut sortir d’ici. Les terroristes rechargent leurs armes et tirent à nouveau. « Arnaud me dit qu’il est touché, qu’il ne sent plus ses jambes. Je ne raisonne plus. Il me dit qu’il m’aime, et qu’il faut que je me tire de cet endroit. Il me demande de me mettre sous lui mais j’ai du mal à le concevoir comme bouclier humain. Je le serre fort contre moi. »
Au moment où les terroristes montent à l’étage, Arnaud ordonne à Bérangère de partir. Elle fonce vers la sortie. « Je l’ai laissé seul, avec un sentiment d’abandon qui ne m’a toujours pas quittée. J’ai cru que je ne le reverrais plus jamais. » Des heures plus tard, elle apprend que son compagnon a été évacué, conscient. Pour s’en sortir, il a rampé sur les corps, soulevant ses jambes comme il le pouvait jusqu’aux portes battantes de la sortie. Il a encouragé toutes les personnes qui l’entouraient à fuir, alors que lui-même restait au sol. Uni par ce drame, le couple se reconstruit ensemble. « Il a autant besoin de moi que moi de lui pour avancer, explique Bérangère. Je suis fière de tous les progrès qu’il fait. » Dès qu’il le pourra, Arnaud reprendra le travail. Il sera le premier commissaire en fauteuil roulant. « Ce que je veux, c’est qu’on ne voit plus le fauteuil roulant mais qu’on me voit moi », dit-il.