En 2013, une fillette de 18 mois était retrouvée nue et dénutrie dans le coffre de la voiture de sa mère. Des maltraitances qui pourraient renvoyer ses parents aux Assises.
Il y a 3 ans, son calvaire avait bouleversé la France. En octobre 2013, Serena, un bébé de 18 mois était retrouvée nue et quasi-mourante dans le coffre de la voiture de sa mère à Terrasson, en Corrèze. C’est le garagiste chargé de réparer le véhicule qui, intrigué par des bruits étranges s’était trouvé nez à nez avec la fillette suppliciée et avait donné l’alerte.
Interrogée par la police, Rose-Marie, la mère de l’enfant, avait rapidement admis que Serena survivait ainsi depuis sa naissance et n’avait même pas été déclarée à l’Etat-Civil. Une naissance que cette femme de 45 ans d’origine portugaise dit avoir caché à son mari, qu’elle a toujours dédouané, et à ses autres enfants : «Il était 6 heures du matin, tout le monde dormait. J’ai mis ma fille au monde, je lui ai coupé le cordon, je l’ai prise dans mes bras, je l’ai posée, et j’ai repris mon train-train, comme si de rien n’était. Pour moi ce n’était pas un bébé qui venait de naître», racontait-elle à l’émission «7 à 8» en 2013 « Le jour de l’accouchement je n’ai rien dit à personne, le lendemain non plus, le troisième jour non plus. Je me suis enfermée dans un mensonge, un gouffre.».
Pendant près de deux ans, Rose-Marie qui déclare avoir tout ignoré de sa grossesse jusqu’à cet accouchement, avait mené ainsi une double vie. Allant nourrir et soigner le bébé, caché dans une pièce au rez-de-chaussée du domicile familial, et retournant ensuite s’occuper de ses 3 autres enfants. Une version qui n’avait guère convaincu la justice qui avait alors mis en examen les parents de Serena pour « violences habituelles sur mineur, privation de soins et dissimulation ».
Hospitalisée puis placée en famille d’accueil, la fillette, de 4 ans, ne se relèvera pas indemne de ce cauchemar. Les expertises médicales réalisées sur la petite Serena révèlent qu’elle souffre de symptômes autistiques irréversibles. Des séquelles terribles qui poussent aujourd’hui l’avocate de la partie civile à demander la requalification des faits « [Serena] a été enfermée dans le coffre d’un véhicule avec des privations sensorielles extrêmement importantes, dans l’obscurité et sans contact avec l’être humain« , explique Marie Grimaud, avocate de l’association « Innocence en danger », au micro de RTL. « Les experts [judiciaires] sont certains du lien de causalité entre ces séquelles et les conditions de vie de Serena sur ses deux premières années ».
Ne s’exprimant que par cris, incapable de communiquer avec autrui, la fillette se frappe et se griffe. Rendue infirme à vie par ces mauvais traitements, Serena ne pourra jamais mener une vie normale : « elle ne chantera pas, ne courra pas, n’ira pas à l’école et n’aura pas de copains », déplore Marie Grimaud qui vient de demander que les parents de l’enfant soient jugés devant les Assises. Des arguments qui ont convaincu le procureur de Brive qui requiert désormais le dessaisissement du juge d’instruction en charge du dossier et le transfert vers le pôle de l’instruction criminel de Limoges. Cette procédure devrait intervenir d’ici la fin juillet. Si le procès en Assises se tient, les parents de Serena risquent une peine de 20 ans de prison.