Il y a quelques mois, Gérald de Palmas quittait la métropole pour s’installer à La Réunion, l’île de son enfance. En dehors du star-system, cet artiste complet est de passage à Paris pour la sortie de son album La Beauté du geste. A cette occasion, il répond à toutes les questions de Closer.
Nouvel album, nouvelles chansons, nouveaux aveux ? Dans T’es belle à en crever, vous chantez « Je ne suis pas beau ». Vous ne vous aimez pas physiquement ?
Gérald de Palmas : Pas vraiment, mais j’arrive à peu près à me regarder. L’âge sans doute. J’ai commencé à 19 ans et j’en paraissais 14. J’étais toujours le plus jeune de la bande. Et cela a duré longtemps. Aujourd’hui, c’est toujours moi le plus vieux ! (Rires.)
En parlant d’âge, comment vivez-vous le fait d’avoir 50 ans l’an prochain ?
Les 40 ans ont déjà été difficiles. J’ai fait une bonne crise de la quarantaine… J’espère juste que ce sera moins fort pour les 50 !
Dans le passé, vous avez déclaré que vous vous interdisiez plein de tournures trop crues… Vous êtes-vous encanaillé sur cet album ?
Je ne suis pas cru pour être cru. Mais je dis des choses percutantes sans perdre mon identité. Ce n’était pas une réelle volonté mais, pour la première fois, j’ai écrit les paroles avant la musique. Je n’avais donc plus de carcan. J’étais plus libéré.
Aujourd’hui, vous sentez-vous plus compositeur, auteur ou interprète ?
Longtemps, je me suis senti plus compositeur qu’auteur. C’est en train de s’équilibrer, j’éprouve de plus en plus de plaisir à écrire des textes.
Vous gagnez votre vie grâce à la musique depuis vingt-cinq ans. Ça paraît incroyable dans cette industrie en crise…
Oui, c’est dingue… J’ai vraiment de la chance. C’est plus difficile pour un jeune chanteur aujourd’hui. Cela peut être très chaud. On est passé des CD trop chers en 2000 à de la musique quasi gratuite. Il faut trouver un juste milieu.
Vous n’avez pas fait d’études. Avez-vous des complexes ?
Je ne suis pas complexé de n’avoir pas fait d’études mais, à une époque, je me suis demandé quel était mon rôle dans la société. Je m’en suis guéri grâce à certaines rencontres que j’ai faites, des gens qui m’ont abordé me disant : « Votre chanson m’a aidé à un moment de ma vie, m’a aidé à passer un cap. » J’ai cessé de culpabiliser, de penser que mon rôle était superficiel. J’en suis plutôt fier aujourd’hui.
Quel métier auriez-vous exercé si vous n’aviez pas été artiste ?
J’aurais adoré créer d’immenses maquettes pour des films avec une équipe de quinze mecs à Hollywood. J’aime cette ambiance de passionnés qui travaillent des semaines sur un projet.
Depuis peu, vous vivez à La Réunion. Qu’y faites-vous ?
En ce moment, je me repose. Je fais du sport, je sors, je dîne avec des amis, je vis des histoires d’amour… Et j’y accueille mes enfants.
Votre fils, Victor, vit entre Santiago du Chili et Montréal, et votre fille, Rose, est installée à Londres, avec sa mère. Arrivez-vous à les voir ?
Ce n’est pas facile, mais on élève ses enfants pour qu’ils partent. Et puis, mon fils adore ce qu’il fait. Il suit des études de marketing. Et ma fille va sûrement s’installer à Paris avec sa mère. Ce sera plus facile de nous voir.
Comment vivent-ils votre notoriété ?
Cela n’a pas vraiment plu à mon fils, qui est plutôt discret comme moi. Pendant sa scolarité, il a dit que j’étais informaticien. Ma fille, cela la gêne moins.
Parmi ces personnalités nées comme vous à La Réunion, de laquelle vous sentez-vous le plus proche ? Noémie Lenoir, Sébastien Folin, Tonton David ou Manu Payet ?
Manu Payet. On s’est croisés plusieurs fois à La Réunion. Je m’entends très bien avec lui.
Vous dites que vous n’avez jamais voté. Pourquoi ?
Je veux bien répondre mais, en deux lignes, on ne peut pas expliquer des raisons complexes et profondes. Pour résumer, je dirais que, pour faire évoluer les choses, j’ai plus confiance dans les gens que dans les dominants.
Comment avez-vous vécu la période après les attentats ?
Je venais de finir cet album. Il y avait une vibe étrange dans la rue. C’était très déstabilisant.
Auriez-vous pu parler des attentats dans vos chansons ?
D’une certaine façon, j’en parle, puisque je parle de la violence, notamment dans Lawrence d’Arabie. Mais je ne vais pas prendre un sujet en particulier, car je crains qu’on m’accuse de récupération.
Avez-vous aimé votre expérience de co-coach dans The Voice ?
J’ai trouvé cela fun de le faire avec Garou. Je l’admire vraiment. Mais je ne suis pas très à l’aise avec l’idée de juger. Je ne me sens pas légitime. Je ne me sentirais pas à ma place dans un des fauteuils rouges.
Auriez-vous participé à un télécrochet à vos débuts ?
Oui, sans doute, mais je me serais fait jeter aux auditions. Je n’ai pas le profil. Tu en vois aujourd’hui qui ont 19 ans, on a l’impression qu’ils ont vingt ans de métier. Ils sont à l’aise devant une caméra. Moi, aujourd’hui encore, je galère… (Rires.)
Quels conseils donneriez-vous à des débutants ?
L’envie de faire des chansons doit être viscérale. Cela doit être un besoin comme manger ou dormir. Cela permet d’affronter les difficultés inhérentes à ce métier, et de rester debout. Si je ne fais pas de musique pendant un mois, le manque se fait cruellement ressentir.
Avez-vous déjà pensé tout arrêter ?
J’ai eu des moments de doute où, pendant un mois, je faisais totalement autre chose, comme peindre, mais je suis toujours revenu à la musique.
Cette interview a été publiée dans le numéro 567 de Closer.
5 choses qu’on ne sait pas sur Gérald de Palmas
1. Quand il est stressé, il se rue sur le sucre. Cela fait tout de même longtemps que ça ne lui est pas arrivé : Gérald surveille sa ligne.
2. A 13 ans, il s’est fabriqué une guitare avec la caisse de son hamster !
3. Ses deux trésors, ce sont ses deux guitares acoustiques datant de 1919 et 1926.
4. C’est Etienne Daho qui a signé son premier groupe, les Max Valentins, sur son label Satori Songs.
5. Très proche de sa sœur Catherine, de six ans son aînée, il a écrit pour elle la chanson mon alter ego.