Jeudi soir, François Hollande répondra aux questions d’un panel de Français en direct sur France 2. Une émission qui aurait été « montée sous la dictée de l’Elysée », selon certains journalistes du groupe…
Le pari est risqué. A l’approche de la présidentielle de 2017 – et alors qu’il bat des records d’impopularité – François Hollande a décidé de rendre des comptes aux Français : le président de la République répondra, jeudi soir, aux questions d’un panel de citoyens lors d’une émission retransmise en direct sur France 2 et animée par David Pujadas et Léa Salamé. Mais le pari est peut-être un peu moins risqué si l’Elysée y met son grain de sel…
Certains journalistes de France Télévisions accusent en effet Michel Field, le nouveau directeur de l’information de France Télévisions, d’avoir été « trop conciliant » avec les exigences de l’équipe de François Hollande, comme le rapportent nos confrères du Monde. Sur demande de l’Elysée, la production de Dialogue citoyen aurait par exemple accepté d’écarter deux interlocuteurs qui devaient interroger le chef de l’Etat. Parmi eux : une certaine Nadine Hourmant, une syndicaliste de Force ouvrière « connue pour ses interventions médiatiques musclées » et qui s’était déjà fait remarquer sur le plateau des Paroles et des actes. « On ne voit pas les signes de notre indépendance vis-à-vis de l’Elysée : d’habitude, on ne transmet que les profils des intervenants, pas les noms, et on donne les grandes lignes de l’émission, pas le détail », se lamente un journaliste dans les colonnes du journal du soir. Mais ce n’est pas tout. Toujours selon Le Monde, France 2 aurait également envoyé à l’avance à l’Elysée le conducteur de l’émission, détaillant tout son déroulé…
Une émission « montée sous la dictée de l’Elysée » ?
Sur le premier fait qui lui est reproché, Michel Field affirme qu’il s’agit d’une « volonté de la part [de France 2], pas d’une demande de l’Elysée ». « Avoir moins de citoyens permettait d’avoir un vrai dialogue, pas seulement un témoignage », argue le patron de l’information de France Télévisions, qui précise que les noms des intervenants ont simplement été transmis à l’Elysée « pour des raisons de sécurité ». Et Michel Field de démentir qu’il a fait parvenir à France 2 le conducteur de l’émission, mais simplement son « squelette ». François Hollande n’aurait donc pas pris connaissance des questions qui lui seront posées. « Cette émission n’a pas été montée sous la dictée de l’Elysée. Nous n’avons pas été trop conciliants : il y a eu des discussions âpres, où chacun a défendu son point de vue », conclut-il.