Le Point consacre cette semaine une enquête réalisée sur Le Petit Journal, le « JT générationnel » de Canal+. Et si à l’antenne l’ambiance est plutôt cool, en interne, les choses sont plus tendues.
Le Petit Journal continue de fédérer plus de 1.2 million de téléspectateurs tous les soirs sur Canal+, malgré le changement d’horaire et la faible locomotive que représente Le Grand Journal. Ce « JT générationnel » intéresse, et est de plus en plus scruté par les experts médias. Notamment par Le Point, qui consacre cette semaine trois pages à l’émission d’infotainment, qui, selon ce qu’il en découle, n’est pas aussi cool en interne qu’à l’antenne.
Il faut dire que depuis plusieurs semaines, les polémiques se succèdent. Les montages désavantageux sont pointés du doigt par les politiques, qui sont de plus en plus nombreux à interdire aux journalistes de l’émission d’accéder à leurs meetings. Le reportage tourné à Molenbeek quelques jours après les attentats à Bruxelles a lui aussi créé le malaise.
« Je veux donner une leçon aux journalistes »
« Yann Barthès a affirmé que le Front de gauche a bafoué la liberté de la presse. Il avait fait un montage nauséabond des discours de Jean-Luc Mélenchon comme s’il était un dictateur sous l’Occupation », accuse Eric Coquerel, le coordinateur du Front de gauche. Résultat, les caméras du Petit Journal sont désormais interdites lors des meetings du parti, comme pour ceux du Front National. Pareil du côté de Nicolas Dupont-Aignan.
Le reportage tourné à Molenbeek, qui laissait entendre que la commune bruxelloise vit « en parfaite harmonie » malgré les menaces terroristes a été très critiqué par certains politiques, téléspectateurs, et même en interne. « Il y a chez Yann un côté ‘Je veux donner une leçon aux journalistes’. Or, à force de prendre le contrechamp, on dit au final aux jeunes qu’il n’y a aucun problème avec l’Islam », se plaint une ancienne journaliste.
Comme Hanouna, en moins bourrin
Même parmi ceux qui restent, les critiques fusent. Ainsi, les 100 employés de la société Bangumi, qui produit Le Petit Journal mais aussi Le Supplément, connaissent « un rythme harassant et une rédaction malléable, sans cheveux blancs ». Le Point affirme même que certains font un parallèle avec l’ambiance décrite par les employés de Touche pas à mon poste, tyrannisés par Cyril Hanouna. En « moins bourrin », nuancent-ils cependant : « Tu dois servir la cause. C’est hypervertical comme fonctionnement, presque une secte ».